Juliane parcourt la France pour tondre alpagas et lamas

« Ce mode de vie nomade m’attirait beaucoup, alors je lui ai demandé de me former à la tonte. Je me suis dit que je pourrais enfin travailler en fonction de mes valeurs et de qui je suis. »
L’amour pour les alpagas, chez Juliane, c’est de famille. Ses parents en élèvent mais l’élevage, ce n’est pas sa vocation. Alors après un bac agricole et plusieurs changements de cap, Juliane se cherche en enchaînant les petits boulots alimentaires, sans grande conviction. Après 2 ans dans la grande distribution, elle craque et décide d’opter pour un mode de vie qui lui permet la liberté en s’installant dans un camion aménagé, prête à prendre le large vers la prochaine étape de sa vie. Elle se met à réfléchir à un projet de création d’entreprise en phase avec ses valeurs.
C’est alors que le tondeur d’alpagas de ses parents lui explique qu’il y a de plus en plus de lamas et d’alpagas en France mais seulement 6 tondeurs sur tout le territoire.
Elle prend conscience que ce métier est plein d’avenir et qu’il est accessible puisqu’il n’y a pas besoin de formation pour l’exercer.
« Ce mode de vie nomade m’attirait beaucoup, alors je lui ai demandé de me former à la tonte. Je me suis dit que je pourrais enfin travailler en fonction de mes valeurs et de qui je suis. »
Il faut dire que ce métier va comme un gant à son tempérament. Avec les animaux, savoir prendre son temps devient une vertu.
« Dans mes activités salariées, j’étais trop lente, trop maladroite… Je me suis dit qu’en étant à mon compte je n’aurais plus à avoir de patron sur le dos, que je pourrais gérer mon rythme de travail. »
Une fois la technique de tonte bien maîtrisée, Juliane contacte plusieurs organismes d’accompagnement pour créer son entreprise mais son projet déroute, jusqu’à ce qu’elle soit orientée vers un conseiller de l’Adie qui trouve immédiatement son projet « génial ».
« C’était la première fois qu’une institution réagissait avec enthousiasme à mon projet. Et ça m’a donné confiance ! »
« Mon conseiller a aussi été un véritable soutien émotionnel et m’a appuyée dans tous les domaines qui m’étaient totalement étrangers »
Le microcrédit de l’Adie, qui lui permet de financer matériel, et la trésorerie de démarrage a pour impact inattendu de déclencher une cascade de confiance autour d’elle.
« La confiance et le soutien de l’Adie vis-à -vis de mon projet a engendré la confiance de mes parents qui ont alors décidé de m’aider à acheter le camion. »
Indissociable de son activité, le mode de vie de Juliane a aussi un impact écologique très faible.
Equipé avec un maximum de matériaux de récupération et bio-sourcés comme le chanvre et le lin pour l’isolation notamment, son camion est électriquement autonome, avec une basse consommation d’eau et une production de déchets limitée.
Son activité de tonte permet quant à elle que la laine d’environ 80 alpagas, dont une cinquantaine en Bourgogne Franche Comté, permet de soutenir le développement d’une filière de laine locale. Cette laine sert également à faire du paillage naturel pour diminuer les besoins en arrosage de la terre, la nourrir et la protéger, et ainsi diminuer les besoins en traitement.
Après une première saison prometteuse, Juliane peaufine son organisation et peut sereinement se projeter vers un doublement de son activité pour la deuxième. Son carnet de réservation se remplit déjà plusieurs mois à l’avance.
« Je me sens confiante, sûre de moi, ce qui est un véritable exploit, et je me sens libre. »