Jennifer, de cheffe de cabine à cheffe d’entreprise à Ajaccio

« Pas besoin de prendre l’avion pour voler de mes propres ailes ! »
Jennifer naît et grandit à Ajaccio, en Corse-du-Sud. Passionnée depuis petite par le voyage, elle passe un brevet de technicien supérieur en Tourisme sur l’Île de Beauté, avant de rallier le continent pour suivre une formation d’agent d’escale et une formation d’hôtesse de l’air.
« Je me suis toujours dit que, dans la vie, je serais amenée à bouger loin de mon île. Et ça a été le cas. »
En mars 2020, fraîchement diplômée, Jennifer déménage à La Réunion pour travailler comme hôtesse de l’air, enfin. Mais avec la crise sanitaire, les aéroports sont à l’arrêt. Elle qui se voyait vivre au-dessus des nuages est contrainte de remettre les pieds sur terre. C’est une désillusion et tous les efforts physiques et économiques consentis la ramènent à la réalité.
« C’était assez difficile de se dire qu’il fallait que je me réinvente totalement. Mes rêves s’écroulaient en un instant. »
Mais Jennifer n’abdique pas pour autant. Sur l’île, elle enchaîne les missions en intérim jusqu’à tomber sur une annonce dans un salon de tatouage : un poste d’agent d’accueil en CDI avec une formation de piercing à la clé venait de s’ouvrir. Cette opportunité change sa vie professionnelle. Pendant un an, l’insulaire se forme au métier de perceuse et y prend goût.
En 2022, Jennifer retourne en Corse avec un drôle de bagage en tête : l’idée de créer sa propre entreprise. Et pour la motiver plus encore, elle constate qu’il n’y avait pas encore de salon de piercing à Ajaccio. Alors, dans un premier temps, elle consulte son conseiller Pôle emploi. Ce dernier l’oriente vers une formation gratuite proposée par la Collectivité de Corse pour obtenir les bases de la création d’entreprise. Lors de cet événement, la formatrice lui parle d’A Prova, une association qui accompagne les futurs entrepreneurs locaux avant leur lancement. Plus tard, lorsque Jennifer se rend à l’association, le conseiller local lui donne à son tour le bon ordre à suivre pour réaliser ses démarches administratives - numéro de siret, business plan, les statuts, le financement, etc. - et lui parle de l’Adie.
« Je dois avouer que je connaissais déjà l’Adie puisque le salon de tatouage de La Réunion a été financé par l’association, et que mon patron de l’époque m’en avait parlé. »
À l’Adie Ajaccio, elle est reçue par Najat, sa conseillère, et obtient un financement et un accompagnement personnalisé pour du matériel hygiénique, des bijoux stériles et du mobilier.
« Si j’étais allée dans un organisme de crédit classique, je n’aurais pas eu le même accompagnement et surtout pas obtenu le financement aussi rapidement. Sans cette aide, je n’en serais pas là. »
Aujourd’hui, Jennifer exerce dans un local partagé avec une sophrologue, une prothésiste ongulaire et une masseuse. Satisfaite de cet emplacement, elle songe pourtant à trouver son propre local tant la demande va crescendo.