A priori, rien ne prédestinait Abir à tenir un fast food en plein de cœur de Paris.
Après des études de communication, elle commence sa vie professionnelle en tant que chargée de production audiovisuelle pour des événements sportifs. Quand elle revient de congés maternité, l’entreprise pour laquelle elle travaille est en pleine restructuration. Un plan de départ lui permet de quitter son emploi et de réfléchir à un projet professionnel plus compatible avec son nouveau rôle de maman.
Tunisienne d’origine, elle nourrit une idée à travers laquelle elle souhaite valoriser la culture de ses parents. C’est ainsi qu’elle décide de faire découvrir aux Parisiens le makloub.
« C’est l’un des sandwichs phare de la street food tunisienne. Ces dernières années, c’est devenu une véritable institution ! »
Pour l’aider à monter son projet, elle choisit de suivre la formation Je Deviens Entrepreneur.
« Je partais de nulle part dans l’entrepreneuriat. Mes 3 tuteurs bénévoles Geoffroy, Ernest et Stéphane, m’ont appris à faire mon business plan, à structurer mon offre et à vendre mon projet auprès de la banque. Je continue à les solliciter dès que j’ai une question. »
Après sa formation, Abir decroche un prêt à la banque et un accompagnement de 3 mois par un incubateur qui lui permet d’affiner son offre et sa communication.
Bien qu’elle souhaite ouvrir en juin 2020, la crise sanitaire la contraint à repousser l’ouverture à décembre. Contre toute attente, le contexte joue en sa faveur.
« Comme tout était fermé, on a pu se faire connaître dans le quartier, d’autant que les makloubs, c’est idéal et facile à emporter. »
Au cœur du 11ème arrondissement de Paris, « Benti », qui veut dire « ma fille » en arabe, devient rapidement un lieu chaleureux, aux couleurs des faïences de Nabeul, où le sourire rayonnant d’Abir et les saveurs méditerranéennes attirent une clientèle plus féminine que les fast food traditionnels.
« J’avais très envie de féminiser l’univers très masculin de la street food. Quand t’es jeune et que t’es une meuf, il y a des préjugés qui peuvent gêner les échanges avec les fournisseurs, surtout avec les bouchers, qui ne te prennent pas au sérieux. »
Aujourd’hui rejointe par son mari, à la cuisine avec ses parents, Abir s’occupe des clients, de la communication, de la logistique et de la comptabilité. Après le service de midi, elle a du temps pour s’occuper de sa fille, comme elle le désire.
« C’est un sentiment de liberté incroyable de travailler pour soi tout en faisant ce qu’on aime et en valorisant sa culture… C’est un kif mais on cogite tout le temps, aussi. Mais c’est ça qui nous donne la gnaque. Tout est faisable quand on est inspiré, qu’on a un projet qui nous tient à cœur. »